Tous les sportifs réguliers se sont un jour posés la question, suis-je un drogué au sport ?!
L’addiction à l’exercice physique est une chose bien réelle, le terme pourra en choquer certains, mais avec quelques explications vous comprendrez mieux. Dans le cas de l’addiction au sport, on parle d’addiction positive (concept créé par le docteur William Glasser en 1976). On parle d’addiction positive pour bien distinguer l’addiction à l’exercice physique des addictions « classiques » jugées comme négatives (alcool, drogues, cigarette)…
Il existe un certain nombre de facteurs qui renforcent le coté addictogène de la pratique sportive comme :
- la libération de l’endorphine (et le bien-être lié à cette libération) – souvent constaté dans les sports d’endurance
- l’augmentation d’une forte estime de soi
- la prise de conscience de ses capacités physiques et d’endurance
- le constat des modifications corporelles – notamment dans le milieu du bodybuilding
Généralement, les personnes addictées au sport décrivent des changements majeurs dans leur quotidien : vêtements, alimentation, mode de vie, loisirs (qui deviennent quasiment liés à la pratique sportive). Parfois même le choix d’un partenaire se fait en fonction de la pratique sportive. L’entraînement devient un véritable rituel pour le sportif, toute sa journée est organisée et économisée en vue de l’entraînement.
Le développement du concept de l’addiction à l’exercice physique entre parfaitement dans le contexte culturel de l’image corporelle et du « culte de la performance » (voir le livre d’Alain Ehrenberg publié en 1991 à ce sujet). D’ailleurs, de nombreux auteurs anglo-saxons soulignent l’importance de l’image corporelle et l’ampleur de la représentation corporelle chez les sportifs addictés.
Vous voulez savoir si vous souffrez d’une addiction à l’exercice physique ? Voici une liste des critères de la dépendance à l’exercice (D. Veale, 1991)
1. Réduction du répertoire des exercices physiques conduisant à une activité physique stéréotypée, pratiquée au moins une fois par jour. 2. L’activité physique est plus investie que toute autre. 3. Augmentation de la tolérance de l’intensité de l’exercice, d’année en année. 4. Symptômes de sevrage avec tristesse lors de l’arrêt (volontaire ou contraint) de l’exercice physique. 5. Atténuation ou disparition des symptômes de sevrage à la reprise de l’exercice. 6. Perception subjective d’un besoin compulsif d’exercice. 7. Réinstallation rapide de l’activité compulsive après une période d’interruption. 8. Poursuite de l’exercice physique intense en dépit de maladies physiques graves causées, aggravées ou prolongées par le sport. Négligence des avis contraires donnés par les médecins ou les entraîneurs. 9. Difficultés ou conflits avec la famille, les amis ou l’employeur liés à l’activité sportive.
10. Le sujet s’oblige à perdre du poids en suivant un régime, pour améliorer ses performances.
Alors, addict ?
Source : http://www.cairn.info/revue-psychotropes-2002-3-page-39.htm